#27 Brèves : pêche à la ligne

La pêche, sur Mareluna, c’est toute une histoire ! Les enfants aiment pêcher et on a tout ce qu’il faut pour que ça se passe bien. D’ailleurs ça se passe bien car à chaque fois qu’ils ont envoyé la ligne, ils ont remonté un poisson. Le seul problème demeure manger le poisson. Il faut imaginer la scène, sensiblement toujours la même. Mahaut, devant son assiette, qui grogne qu’on lui a encore mis toutes les arêtes. Raphaël, qui du bout de sa fourchette, avant même d’avoir goûté, peut assurer qu’il n’aime pas. Pia, gargarisée par cette mutinerie de fratrie, qui termine le repas punie dans sa chambre après avoir osé un tonitruant “Mais, c’est dégueulasse !”. Et Paul, se servant une demie bouchée, la dégustant en s’exclamant “Merci maman, c'est délicieux !” mais qui quand on lui propose de se re servir (ou se servir plutôt) nous annonce qu'il n’a plus faim… le fayot! On devrait faire du poisson plus souvent, on ferait des économies. Je me vois déjà à la poissonnerie “Bonjour Madame, du poisson pour combien de personne? - Nous sommes six, j'hésite entre un filet de maquereau et une demie sole.” Bref, je m'égare, revenons à notre repas. Alex mange en silence (jamais bon signe) et termine le repas par cette magnifique sortie : “ Le problème avec le poisson, c’est qu’on ne sait pas le cuisiner.” Alors là, ON se rebelle, ON décide qu’ils peuvent bien pêcher tous les poissons de l'océan mais qu’ON ne les cuisinera pas. Il faut imaginer quelques gros mots pour ponctuer cette phrase. J’ai dû être convaincante car, depuis ce jour, la caisse de pêche reste bien rangée au fond de son coffre. Ça fait plus de deux mois et d’un accord tacite, nous n’évoquons plus le sujet. 

Deuxième jour de transat, GrandPa qui traverse avec nous, propose d’envoyer la ligne de pêche. Personne ne dit rien, la dernière pêche est encore présente dans les mémoires. Personnellement, ça ne me pose pas de problème d’annoncer à mon beau-père que je ne cuisinerai pas, chat échaudé craint l’eau froide ! Peut être un peu surpris par ce nouveau caprice de sa belle-fille, il n’en dit rien et on peut lui faire confiance, il prend le sujet en main de la mer à l’assiette. Évidemment avant midi, ils ont pêché une petite bonite. GrandPa l’a préparée et de l’avis général, c'était délicieux. Et depuis ce jour, plus rien. Ils ont perdu deux lignes entières, 10 hameçons et leur leurre, remonté de la sargasse mais de poisson que nenni. Je ris sous cape ; l'océan me venge de leur ingratitude ! Allez, on peut dire que l’affaire est close, nous sommes tous prêts à nous réjouir de manger du poisson frais pêché par nos soins !