
Cet après-midi, il nous est arrivé une histoire qu’on lit d’habitude dans “Voiles et voiliers” avec un titre un brin aguicheur du genre: “En voyage en famille, ils récupèrent un skipper de Mini 6.50 dans son radeau de survie au large de l’archipel des Açores”. Voilà, tout est dit ! Cet après-midi, vers 17h, Victor aperçoit un feu à quelques milles nautiques. Alex allume le moteur plein gaz pour se diriger sur la zone. Victor se met en veille VHF et prévient que nous sommes proches de l’incendie et en mesure d’être rapidement sur place. L’équipage du Mermoz, bateau accompagnateur de la course de Mini 6.50 (Les Sables-Les Açores-Les Sables) nous apprend qu’il s’agit certainement d’un Mini qui prend feu. Ils nous suivent de quelques milles. Raphaël, aux jumelles, repère rapidement le radeau de survie à côté de la fumée. On identifie clairement une personne à bord. La pression descend d’un coup… Aller chercher quelqu’un dans son radeau de survie ce n’est pas du tout la même chose que d’aller chercher quelqu’un à côté d’un bateau en feu… Bref, je ne vous fais pas de dessin, mais, sans le dire, avec Victor et Alex, on a eu le temps d’imaginer le pire. Le skipper, Matéo, monte sur Mareluna (avec son radeau). Il nous raconte les dernières heures à bord de son bateau: problème de batterie, début d’incendie, voie d’eau, déclenchement des secours et du radeau de survie, rassembler quelques affaires (dont le grab bag, la balise EPIRB et le bidon d’eau), décider d’abandonner le bateau juste à temps avant qu’il n’explose… Je vais vite parce que ce n’est pas notre histoire et je ne voudrais pas déformer le déroulement des évènements… On regarde avec lui son bateau disparaître... Rapidement, le Mermoz est sur place et récupère Matéo. Il va pouvoir rejoindre Horta en sécurité. On lui souhaite bon courage pour la suite. De notre côté, nous sommes un peu sonnés par ce qui vient de nous arriver mais heureux du dénouement.
Restons humbles, nous étions les premiers sur place mais le bateau de l’organisation de la course nous suivait de près, nous avons juste permis à Matéo de passer moins de temps seul dans son radeau de survie.
Cette expérience nous amène toutefois à nous questionner sur quelques points de sécurité. Le premier (et pas des moindres), depuis le troisième ou quatrième jour nous ne parvenons plus à avoir simultanément l’AIS et la veille VHF principale. On fait l’option AIS (on émet un point qui permet aux autres bateaux de nous voir et nous, de voir les autres bateaux) et on garde une VHF portable à portée de main (avec laquelle on peut prévenir les secours si besoin). Dans la situation d’aujourd’hui, on a été obligé de couper notre AIS (nous n’étions plus visibles sur la carte) pour avoir une veille VHF et communiquer facilement avec le bateau accompagnateur de la course. Concrètement, si on n’avait pas vu le feu, on n’aurait pu passer à côté sans savoir qu’un homme était potentiellement en danger. Le matériel électronique est neuf, c’est vraiment frustrant. C'est un sujet que nous devrons traiter avant les prochaines étapes de notre voyage. Ensuite, de manière très concrète, dans l’approche on aurait eu clairement le temps de préparer un bout pour récupérer le skipper… Le bout n’était pas prêt !
Dans les points positifs, on peut dire qu’on est content d’avoir croisé la route de Ségolène et Bruno du CEPS de Lorient qui, suite au stage survie-mer suivi par Alex, ont proposé à toute la famille de suivre la partie pratique. Les enfants savent ce qu’est un radeau de survie ainsi que ce qu’on y trouve à l’intérieur. Ils sont déjà montés à bord en piscine. Ils savent aussi que bien que ce soit une toute petite embarcation, tu y es en sécurité pour attendre les secours. Chacun à gardé son calme à bord pendant l’approche et la manœuvre. On n’est pas naïf, on sait que les enfants auront besoin de reparler de cet événement et d’exprimer ce qu’ils ont ressenti.



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Commentaires
Ouaah quelle aventure.
En effet, il faut rester humble.
Bon courage pour la suite et pour la réparation du fonctionnement combiné AIS/VHF.
Quelle aventure! Bravo pour le sauvetage!
Bonne réparation, ça semble utile d’avoir les deux en même temps.
Bonjour à toute la petite famille
Nous sommes les parents de Matéo : Lauriane et Vincent.
Matéo nous a envoyé le lien pour vous suivre, ce que nous allons faire avec un immense plaisir car nous aussi nous avons fait un tour de l’atlantique en famille en 2008, Matéo avait 7 ans et Alizé 10 ans.
Nous tenons à vous dire à quel point nous vous remercions de votre réactivité et de votre bienveillance à l’égard de Matéo.
Vous avez été les premiers à le secourir, nous sommes terriblement émus de votre geste de solidarité.
Nous ne vous remercierons jamais assez de ce que vous avez fait pour notre fils.
Nous vous souhaitons un merveilleux voyage en famille, espérons recevoir de vos nouvelles, ce qui nous ferait extrêmement plaisir.
Bon vent à vous et prenez soin de vous.
Lauriane et Vincent