La Savane des Esclaves

Un homme, Gilbert Larose, a eu l'idée de créer, sur ses terres, un lieu dedié à l'histoire de la Martinique. Seul et parti de rien, on peut dire qu’aujourd'hui le pari est réussi. Entre le film, les panneaux explicatifs et les reconstitutions, 400 ans de l’histoire de la Martinique sont retracés en un seul lieu. On y découvre la vie des peuples amérindiens avant la colonisation. Le peuple originel, un peuple pacifiste, les Arawaks vivaient de la pêche et de la cueillette. Ils ont été envahi par les Caraïbes, un peuple de guerrier venu des îles du Sud. Ils ont progressivement exterminé les hommes Arawaks et on conservé les femmes. La Martinique est découverte par Christophe Colomb en 1502. Cette île ne commence à intéresser les européens qu’à partir de 1635 avec l'arrivée de Pierre Belain d’Esnambuc déjà installé à Saint Christophe (Saint Kitts aujourd'hui). En bonne entente avec les Caraïbes, les colons commencent à exploiter le tabac. La bonne entente ne dure pas très longtemps. Les européens font venir les jésuites pour évangéliser et dominer la population locale et ça ne plaît pas du tout aux Caraïbes. Les Caraïbes décident de chasser les Européens (ou l’inverse je ne sais plus). Normalement le rapport de force était largement en faveur des Caraïbes, ils auraient dû gagner et reprendre le contrôle de la Martinique. Mais, au même moment, passaient par là des navires juifs hollandais, eux mêmes chassés du Brésil. Les Européens se sont alliés pour exterminer les guerriers Caraïbes. Fin de la partie. En passant, les juifs hollandais donnent aux français la culture de la canne à sucre. Progressivement, ils vont abandonner la culture du tabac au profit de la culture de la canne à sucre. Pour travailler dans les plantations, ils font venir des Bretons et des Normands candidats à l’exil en leur faisant miroiter monts et merveilles. Ces exilés sont en réalité les premiers esclaves des plantations. Par la suite, sous Louis XIV, les colons en Martinique vont largement participer à la traite des Noirs. La société martiniquaise, déjà métissée, se trouve en plus hiérarchisée. Les hommes et les femmes ont des statuts sociaux liés à leur origine (libres - esclaves - mulâtres - affranchis… et d’autres nuances que je n’ai pas retenues!). Relire des extraits du Code Noir, voir les dessins des châtiments infligés aux candidats à l'évasion sont glaçants. Lorsque l'état français abolit l’esclavage, en mai 1848, sous l’impulsion d’intellectuels et politiques originaires de Martinique (Schoelcher, Bissette, …) les nouveaux affranchis se retrouvent livrés à eux même et s’exilent dans les montagnes. Ils créent de nouveaux villages où le troc et l’entraide sont les maîtres mots. Chacun construit sa case et entretient un petit jardin (le jardin créole) où se mêlent légumes, racines et plantes médicinales. Les français ne sont pas en reste, ils font venir des indiens et des chinois pour remplacer les esclaves affranchis. Cette nouvelle main d'œuvre, à qui ils font à nouveau miroiter monts et merveilles, poursuivra le métissage de l'île. On l'aura compris, ce lieu de mémoire de l’histoire de la Martinique met particulièrement l’accent sur la colonisation et l’esclavage. On a tous passé un bon moment sur les traces des ancêtres de Guy Larose, le fondateur de la Savane des esclaves. On a découvert une Martinique multiculturelle encore plus riche que ce que nous imaginions.